Par une nuit d’orage, à Löwenburg
Les personnages arrivent à Löwenburg dans une période troublée.
En effet, la forteresse commandée par le Seigneur Aldric Wirtonage sert depuis quelques semaines à des tractations secrètes entre un émissaire de Déréis, Efron Tyras (cousin du roi Abraxxar de Rull) et le royaume de Tubéreuse. C’est le Seigneur Aldric en personne qui représente les intérêts du royaume du Lion et les trois premières entrevues ont été prometteuses : le but est d’éviter une guerre entre les deux voisins, qui ne servirait finalement les intérêts de personne, si ce n’est ceux des Princes Marchands de Valombreuse. Pour une plus grande discrétion, Efron Tyras se rend seul et incognito à la forteresse et seuls Aldric et son capitaine de la Garde Aemon Garhart sont au courant de sa véritable identité et des raisons de ses visites. Un protocole d’accord a bien été rédigé entre les deux hommes et Tyras est reparti vers Déréis afin de faire valider cet accord par son roi : dernière étape avant une officialisation de la paix. Mais Tyras n’a plus donné signe de vie depuis sa dernière visite et ne s’est pas présenté à une nouvelle entrevue. Aldric en a déduit qu’Abraxxar n’avait pas approuvé les termes de l’accord, et qu’une nouvelle fois le royaume du soleil ne se montrait pas digne de confiance.
A tort, car la vérité est toute autre. Aemon Garhart, le capitaine de la garde, éprouve une haine viscérale pour les déréins, à qui il ne pardonnera jamais la mort de sa jeune épouse enceinte, lors d’un des nombreux accrochages armés à la frontière (Secret de Céphéus : le meurtre a été commandité par le Conseil des Princes marchands, qui a camouflé le crime pour faire accuser Déréis et manipuler le capitaine de la garde de Löwenburg. Le Conseil cherche ainsi à déclencher une guerre entre les deux royaumes qui aura un effet bénéfique sur leurs affaires Voir la lettre écrite par Jonas Hoprig à Garhart).
Il ne peut envisager une paix durable entre Tubéreuse et son voisin honni, et prie de ses vœux pour qu’un conflit de grande ampleur éclate : seul le sang déréin versé à grosses gouttes pourra un jour peut-être étancher sa soif de vengeance. Il n’a donc pas accepté l’avancée positive des pourparlers, et alors qu’il raccompagnait Tyras à la sortie par un des nombreux passages secrets de la forteresse, il a tout bonnement assassiné le négociateur et jeté son corps sans vie dans un cul de basse fosse.
Du côté de Déréis, l’absence de Tyras a convaincu les conseillers d’Abraxxar, que l’homme a sous doute été victime d’une trahison de Tubéreuse, mais le monarque, prudent, souhaite s’en assurer avant d’entreprendre toute action punitive. Il dépêche alors sur place un espion, Rhys Varel avec pour mission de tirer toute l’affaire au clair. Alors que celui-ci cherche un moyen de pénétrer à l’intérieur de la forteresse, Asthor l’éclaire de sa bonté et il se retrouve nez à nez avec une magnifique jeune fille dans un des bois jouxtant les hautes murailles de la place forte. Cette jeune fille n’est autre que Lady Amara Wirtonage, fille unique d’Aldric. La jeune femme, désespérée par sa vie recluse et monotone à la forteresse, emprunte régulièrement les passages secrets du château pour se rendre à l’extérieur et profiter de courts instants d’une liberté qui se refuse obstinément à elle. Cette rencontre constitue pour elle une incroyable aventure à la fois romantique, mystérieuse et raisonnablement dangereuse; Rhys, en digne courtisan expérimenté, a tôt fait de séduire la naïve Amara, en se faisant passer pour un jeune déréin perdu dans les bois. Les visites nocturnes se succèdent et Rhys gagnant peu à peu la confiance et l’amour de la jeune femme accède enfin à la forteresse, qu’il explore à la recherche d’indices, une fois la jeune fille endormie. Pourtant, ses recherches restent veines et il élabore un nouveau plan, pour forcer le destin : il arrive à convaincre lady Amara de partir avec lui pour vivre leur amour au grand jour, loin de cette sinistre forteresse, en Jonturas d’abord puis en Grinardie. La jeune fille accepte avec joie et la fuite est fixée au surlendemain. Rhys compte ainsi kidnapper la jeune femme et s’en servir d’otage pour obtenir la vérité sur la disparition de Tyras. Mais alors qu’il s’apprête à emprunter une nouvelle fois le passage secret conduisant du bois à la chambre de sa promise, il est repéré et fait prisonnier par une patrouille de gardes de la forteresse et amené à Aemon Garhart pour être interrogé. Le Capitaine ne tarde pas à reconnaître en lui, un déréin, certainement un espion à la recherche du diplomate disparu.
C’est cette même soirée orageuse, qui voit l’arrivée de nos personnages à la forteresse de Löwenburg, et ces derniers vont se retrouver malgré eux au beau milieu de cette
Introduction aux Joueurs
11941 : Céphéus est un monde en guerre. Les royaumes se déchirent : frontières, ressources, rancune ou ambition personnelle sont autant de motifs pour s’affronter entre voisins. Des alliances se nouent et se dénouent. Seule la trêve universelle instaurée durant le mois de Leonis permet au continent de souffler un peu.
Pourtant l’accalmie n’est qu’apparente : si le fracas des batailles rangées cesse pour laisser la route libre au Pèlerinage de Malicorne, dans l’ombre, tous les coups sont permis. Une seule règle : ne pas se faire prendre, ou mieux encore, faire accuser un royaume rival.
Cinq ans déjà se sont écoulés depuis que vous avez franchi à votre tour les portes du monastère. Vous n’avez pas oublié l’excitation du pèlerinage, ni le moment précis, où soumis au jugement des Dieux, votre sang s’est révélé aux yeux de tous : vigoureux, ancien et suffisamment puissant pour justifier l’intérêt de Malicorne.
S’en sont suivies cinq longues années auprès des plus grands maîtres de lignée : un apprentissage exigeant, difficile, mais si efficace. Cinq longues années à apprendre, comprendre, échouer, recommencer encore et encore. Pour finalement, avec vos compagnons, achever votre formation et devenir inséparables. Cinq longues années qui n’ont pourtant été qu’un prélude : car à l’issue de votre formation, vous avez gagné l’Île de l’Œil pour la cérémonie du Solstice d’Hiver. Et là-bas, une nouvelle fois, votre sang a été puisé puis mélangé pour former la Veine : votre nouvelle famille, celle qui remplace toutes les autres, celle pour qui vous donneriez votre vie sans hésitation.
Votre Veine a été consacrée par la grande prêtresse du Temple de la Lune, et conformément aux usages, à la suite d’un rêve inspiré par les Dieux, elle lui a donné un nom : les Protecteurs de l’Aube. Elle vous a également révélé que vous alliez jouer un rôle déterminant dans l’avènement d’une nouvelle ère. Et c’est sans trop savoir comment réaliser ce destin glorieux que vous avez entrepris de rejoindre le royaume de Déréïs et sa capitale Solaria.
Car après tout, où chercher l’Aube si ce n’est au royaume du Soleil ?
Vous avez donc embarqué sur le premier navire en partance vers l’Est. La traversée s’est déroulée sans encombre, et quelques jours plus tard, vous avez accosté à Kisbin, le port le plus méridional du royaume de Tubéreuse.
De là, le plan initial était simple : rejoindre Targion, puis filer vers Fort le Roc en Déréis pour ensuite descendre plein sud jusqu’à Solaria, la capitale. Une route directe, claire, et efficace.
Mais c’était sans compter sur les éternelles querelles frontalières entre le royaume du Lion et celui du Soleil, vous forçant à revoir vos plans. Finalement, vous avez décidé de poursuivre plus au sud, jusqu’à Löwenburg, pour prendre ensuite la route du Jonturas et traverser la frontière de Déréis en contournant les Roches de Corammur, dans des conditions plus sereines. Du moins le pensiez-vous…